Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/76

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ne nous permettons qu’une promenade après dîner, une promenade dans les ténèbres des boulevards extérieurs, pour n’être point tirés, par la distraction des yeux, de notre travail, de notre enfoncement spirituel en notre œuvre.

Mlle X… qui avait demandé l’autre jour à son entreteneur de venir la réveiller à quatre heures pour aller voir ensemble guillotiner Pianori, refusée par lui, y a été menée par une amie, au sortir d’un souper tête à tête. Au moment où apparaissait, sur la guillotine, le condamné à mort, elle s’écrie : « Comme je me payerais cet homme ! — Et moi donc ? dit timidement l’amie. — Oh ! toi, tu es un détail. »

— À faire quelque chose sur la fin du monde amenée par l’instruction universelle.

— Napoléon est tout jugé pour moi. Il a fait fusiller le duc d’Enghien et exempté de la conscription Casimir Delavigne.

— Il est une corruption des vieilles civilisations qui incite l’homme à ne plus prendre de plaisir qu’aux œuvres de l’homme, et à s’embêter des œuvres de Dieu.

— Célestin Nanteuil nous raconte que Gérard de Nerval revenant d’Italie, absolument désargenté, rapportait pour quatre mille francs de marbres de cheminées, et que, dans la misère de la fin de sa vie, il était resté chez lui un tel goût de la chose riche,