Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/120

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main qui existe incontestablement dans notre race. En dehors du dogme et de la foi, le catholicisme est sans doute ce qu’il y a de meilleur, mais il faut pour l’équilibre, qu’au-dessus du catholicisme, l’élément germain se mêle, en nous, à l’élément latin. Voyez en effet l’affaissement des races du Midi. Eh bien, Littré a vu cela. Thierry, Guizot sont toujours contre les barbares. Littré, au contraire, est pour eux, et son point de vue est très juste…

« Ah ! vous savez, nous avons dans l’Académie une nouvelle conversion au bonapartisme. C’est Cousin, oui Cousin ! Il est venu l’autre jour me dire qu’il fallait nommer des bonapartistes inoffensifs. Mais, lui ai-je dit, les reptiles sont toujours dangereux ! Il trouve que l’on doit se contenter de la liberté civile. Mais, ça m’est bien égal d’avoir la liberté de faire mon testament. Canning l’a très bien dit : “La liberté civile c’est la liberté civique…” C’est la vie politique qu’il faudrait donner à la France… Mais voilà qu’on se retire, qu’on capitule dans la vie privée ! »

Ce soir, chez la princesse Mathilde, Fromentin fait la remarque que, depuis les Carrache, les procédés matériels de la peinture sont complètement changés, qu’on n’a qu’à regarder un tableau d’avant eux, et qu’on verra toutes les lumières en creux, tandis que dans la peinture moderne toutes les lumières sont en relief. Il regarde ces empâtements comme un malheur, et, un peu poussé par nous, il dit ne comprendre la peinture qu’avec une grisaille, recouverte de matières colorantes, de glacis. C’est du reste son