Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/168

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qui vous donne envie de vous en aller. Et l’on se trouve gauche et gêné, et l’on sort avec une tristesse faite de ce mystère de choses inconnues, de tous les sous-entendus qu’on sent et qu’on tâtonne dans ces ménages, sur lesquels on cause.

Août. — Trouville.

Heilbuth nous emmène le voir laver une aquarelle à Honfleur. Un drôle d’être, décousu, braque, et très fin et délicat et méphistophélique observateur, avec son nez crochu et son œil clair d’Allemand du Nord.

27 août. — Dégoût ici de cette société d’anonymes. Nous souffrons maintenant au coudoiement de populations d’inconnus et de bourgeois vagues.

— Les étrangers parlent haut en public, ils ont la conscience de parler une langue qu’ils sont seuls à comprendre. Le Français parle bas, parce qu’il se sait compris de tous, et parler la langue universelle.

30 août. — Aujourd’hui nous accompagnons Feydeau sur la falaise. Il est dans le moment toqué de conchyologie qu’il veut fourrer dans un roman, et il va travailler à ramasser dans la glaise toutes sortes de coquilles antédiluviennes, passant des quatre