Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/32

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corps de ballet remplace les Anges et les Dominations.

— L’amour moderne, ce n’est plus l’amour sain, presque hygiénique du bon temps. Nous avons bâti sur la femme comme un idéal de toutes nos aspirations. Elle est pour nous le nid et l’autel de toutes sortes de sensations douloureuses, aiguës, poignantes, délirantes ; en elle et par elle, nous voulons satisfaire l’insatiable et l’effréné qui est en nous. Nous ne savons plus tout bêtement et simplement être heureux avec une femme.

— Il y a un Beau, un beau ennuyeux, qui ressemble à un pensum du Beau.

14 février. — … Dans un coin du salon, une femme, encore étonnée de la chose et n’en revenant pas, conte la curieuse paternité d’un publiciste célèbre. D’abord la déclaration du publiciste à la mère, qu’il ne peut faire le bonheur complet de sa fille. Puis le mariage suivi d’un voyage en Italie, où il manque toujours le couronnement de l’édifice. Enfin le retour en France et la vie commune, où au bout de quelque temps il dit tout à coup à sa femme : « Mais ne trouvez-vous pas qu’un intérieur où il n’y a pas d’enfant, ce n’est pas complet ? » Là--