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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/232

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un autre mouvement en tête, je vais arranger les choses de manière à ce que vous soyez contents, tous les deux. Je vous ferai écrire demain ou après-demain : regardez la chose comme faite. »

Là-dessus réembrassade.

Et la chose se termina par la destitution pure et simple du beau-frère, avec toutefois une lettre de regret du ministre, obligé de se rendre aux vœux de la population blésoise.

Ce qui a amené l’anéantissement de l’armée, est en train de tuer la société française. C’est l’indiscipline. Le régime républicain est-il capable de lui rendre cette discipline, sans laquelle les sociétés ne peuvent vivre ? Et cependant il serait désirable de garder cette enseigne : La République, et de grouper sous ce nom les capacités de tous les partis, noyant dans leur tout l’infini rien du parti républicain.

Mardi 7 février. — Un curieux défilé, que celui de tous les gens, hommes et femmes, revenant du pont de Neuilly. Tout le monde est bardé de sacs, de nécessaires, de poches gonflées de quelque chose qui se mange.

Des bourgeois portent sur l’épaule cinq à six poulets, faisant contrepoids à deux ou trois lapins. J’aperçois une élégante petite femme, rapportant des pommes de terre, dans un mouchoir de dentelle. Et rien n’est plus éloquent que le bonheur, la tendresse, dirai-je presque, avec laquelle des gens tien-