Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Montijo ! » Sur cette affirmation, l’Empereur lui disait : « Eh bien, mademoiselle, vous serez impératrice ! »

Saint-Victor me disait ces jours-ci, — et il est tout là : — « Quel temps, où l’on ne peut plus lire un livre ! »

22 août. — Je vais voir Théophile Gautier, qui pleure avec moi, la maison qu’il a arrangée, l’angulus ridens et artistique de sa vieillesse.

Sur les boulevards, tous, — hommes et femmes, — interrogent de l’œil la figure qui passe, tendent l’oreille à la bouche qui parle, inquiets, anxieux, effarés.

Mardi 23 août. — Je trouve, à la gare du chemin de fer de Saint-Lazare, un groupe d’une vingtaine de zouaves, débris d’un bataillon qui a donné sous Mac Mahon. Rien n’est beau, rien n’a du style, rien n’est sculptural, rien n’est pictural comme ces éreintés d’une bataille. Ils portent sur eux une lassitude en rien comparable à aucune lassitude, et leurs uniformes sont usés, déteints, délavés, ainsi que s’ils avaient bu le soleil et la pluie d’années entières.

Ce soir, chez Brébant, on se met à la fenêtre, attirés par les acclamations de la foule sur le passage d’un régiment qui part. Renan s’en retire vite, avec