Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/125

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l’indéfinissable et le mystérieux d’une femme-sphinx, d’une chair, d’une matière, dans laquelle il n’y aurait pas de nerfs modernes. Et la jeune femme a pour repoussoir à son éblouissante jeunesse, d’un côté le chinois Tsing à la face plate, au nez retroussé, de l’autre sa mère, la vieille Grisi, dans son ratatinement souffreteux.

Puis, afin que tout soit bizarre, excentrique, fantastique, dans la rencontre, Judith s’excuse auprès de Flaubert, de l’avoir manqué la veille. Elle était sortie pour prendre sa leçon de magie, oui, sa leçon de magie !

Mardi 30 décembre. — Quelqu’un dit, au dîner des Spartiates : l’Empire a branlé dans le manche, depuis le jour de l’attentat d’Orsini. Oui, reprend le général Schmitz, et permettez-moi une anecdote. Quelqu’un disait, huit jours après cet attentat, au duc d’Aumale : — « L’Empereur a été très bien ! » — « Comme mon père, chaque fois qu’on a tenté de l’assassiner, répondit le duc d’Aumale, mais attendez… il ne se passait pas une semaine après, que mon père ne commît une grosse faute. »