Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/152

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Ce parent, était le représentant de la grande bourgeoisie française, qui souffre des poèmes créés par le poète, des victoires gagnées par le général, des découvertes mises au jour par le savant. Car, en effet, toute la notoriété, tout le retentissement, tout le bruit glorieux qui se fait en France autour d’un nom français, semble se faire au détriment de tous les Français.

À toute affirmation d’une supériorité, chacun en France jaunit un peu, et chacun sent l’ictère rongeur, mordre à son foie jaloux.

Mercredi 15 juillet. — Je pars pour le lac de Constance, pour Lindau, où de Béhaine m’a offert l’hospitalité, dans la villa Kallenberg.

Je suis dans un compartiment britannique, et je vois, au même moment, sept Anglais remonter leurs montres. C’est fait d’une manière si mécanique, si automatique, que cela me fait presque peur, et que je me sauve dans un autre compartiment.

Samedi 18 juillet. — Villa Kallenberg. Ce pays est vraiment charmant. C’est au milieu de montagnes bleues, une petite mer ayant le clapotement des vagues et la brise du soir d’un océan, — d’un océan en miniature, que les Allemands appellent la mer de