Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/239

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ceci : « Vous dites à une femme, je vous aime ! Eh bien ! chez nous, c’est comme si on disait : Madame, je voudrais coucher avec vous ! Tout ce que nous osons dire à la dame que nous aimons, c’est que nous envions près d’elle la place des canards mandarins. C’est, messieurs, notre oiseau d’amour. »

Vendredi 30 juillet. — Singuliers originaux que Paris et sa banlieue produisent. Un jeune homme, dont la mère tenait un commerce de dentelles à Groslay, passe sa jeunesse toute entière à courir à cheval les villages des environs, à surveiller le travail des ouvrières, et à leur faire des enfants.

La mère meurt ; l’industrie tombe en ruine, et le jeune homme est atteint d’un rhumatisme articulaire terrible. Il est transporté à l’hôpital, et son cas est si extraordinaire, qu’il intéresse le médecin en chef et les internes. Il devient un sujet à expériences, et il coûte près de 20 000 francs à l’hôpital, tant on lui fait prendre de sulfate de quinine, qu’on arrêtait lorsqu’il devenait sourd, et de choses extraordinaires, et de bains composés de plantes aromatiques de l’Inde.

Il est enfin guéri, mais se trouve sans un sou. Il s’accroche alors à une bossue, qui avait un génie dans un genre : la composition des roses artificielles.

Et les voilà, tous les deux, dans une mansarde du