Passage du Désir, à faire des fleurs, lui taillant et donnant la forme aux pétales, elle les assemblant. Ces fleurs portées par lui chez Baton ou chez un autre, ces fleurs-modèles, que copiaient ensuite des demoiselles de magasin, étaient payées de 50 à 60 francs pièce, en sorte qu’il revenait avec sept ou huit cents francs, et son carton rempli des primeurs et des vins les plus chers, achetés chez Chevet.
Et cet homme et cette bossue, dans leur petit logement de 200 francs, ne dépensant rien que pour la gueule, n’existant que pour elle, vivaient dans une continuelle réplétion des plus succulentes et des plus chères choses. Le mari avait même machiné un sac, où il y avait un compartiment pour la glace, un étui particulier pour la conservation des fraises, un appareil pour faire chauffer le café, en sorte que, le dimanche, dans le Désert de la forêt de Fontainebleau, ces deux êtres déjeunaient, comme au café Anglais.
Des années se passent dans cette vie de boustifaille et de création de petits chefs-d’œuvre, une vie toute solitaire, toute séparée des autres, quand il vient à notre homme un abcès dans le ventre.
Aussitôt il se fait transporter à son ancien hôpital, et il demande qu’on lui fasse quelque chose d’extraordinaire, que cela le connaît. On lui dit, qu’il y a un ou deux exemples de guérison de gens, auxquels on a ouvert le ventre et arraché l’abcès. Il se fait, sans barguigner, ouvrir le ventre, et meurt d’une péritonite, au bout de quelques jours.