Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/248

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pointe n’avaient pas, de son vivant, assez d’encouragement décourageant, de sourires ironiquement bienveillants, de mépris enfin, l’auteur, le pauvre enfant, ne se doutait pas que bien peu d’années après sa mort, on en ferait un des plus beaux livres, publiés à la mémoire d’un aquafortiste.

Mardi 14 septembre. — Départ de Paris pour Bar-sur-Seine. Je m’en vais là-bas, avec une espèce de joie de sortir de mon isolement, qui, pendant ce mois, m’a pesé plus que jamais.

Samedi 25 septembre. — Aujourd’hui le lieutenant de gendarmerie nous faisait la description d’un singulier nid de chrétiens, qu’il avait découvert dans une perquisition. Un ancien curé vivant avec son neveu dans le vieux château de Gié, entre des murs de dix pieds d’épaisseur. Dans ces murs, pas de meubles, mais des dévalements de fruits jusqu’au milieu des chambres, et là-dedans seulement, deux lits et deux superbes femelles de la campagne, sautées à bas des draps, la gorge à l’air, et prêtes à mordre les gendarmes.

Il nous parlait après de la terreur, qu’inspirent dans les villages certains hommes, et à l’appui il nous narre cette anecdote.