Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/249

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Un ouvrier charpentier emmène deux de ses amis boire un verre de vin, dans sa chambre. Quelques jours après, il s’aperçoit qu’on lui a volé cent francs, qu’il avait dans sa commode. Il conte la chose à un des deux camarades, qu’il avait emmenés. Le camarade lui dit : «  — Il n’y a qu’un tel ou moi qui ayons pu te voler. Ce n’est pas moi, c’est donc lui, redemande-lui donc hardiment tes cent francs. — Lui redemander, répond le volé, il est plus fort que moi, il me battra, et il est bien capable de me tuer ! — Tu es bête, riposte le camarade, il y a une fenêtre qui donne dans le clos en face de ton armoire, dis-lui que tu l’as vu par la fenêtre. »

Là-dessus le volé va trouver le voleur. — « Voyons, rends-moi mes cent francs ? — Tes cent francs ! et voici le voleur qui s’apprête à lui tomber dessus. — Oui, la plaisanterie a assez duré, s’écrie l’autre, je t’ai vu, je te dis que je t’ai vu par la fenêtre au clos. — Tu m’as vu ! tu m’as vu ! reprend le voleur désarçonné, eh bien, je vais te faire un billet. »

Et le volé a dû se contenter de ce billet, et ne se serait jamais plaint, si le voleur n’avait pas été compromis dans une affaire d’assassinat.

Mercredi 29 septembre. — Bar-sur-Seine. Les ouvriers travaillant aux mécaniques compliquées, ont quelque chose d’hoffmanesque.

J’avais fait cette remarque à propos des accor-