Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/250

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deurs de piano. Aujourd’hui, arrive ici un monteur de billards.

C’est un vieillard qui entre, sa petite valise au dos, habillé d’une antique redingote, qu’il boutonne sur un corps ramassé et tout tremblotant, avec là-dessus une pauvre vieille figure, comme taillée dans un manche de parapluie, et où il y a de gros yeux gris, sans lumière. Soudain, voici mon vieillard qui jette sa redingote, passe une blouse blanche, prend une barre de fer, et tout musculeux, de ses mains noueuses, brise les travers de la caisse d’emballage, comme des allumettes. Il m’apparaît ainsi qu’un espèce de Goliath, au nez tuberculeux d’un abbé napolitain, aux yeux de jettatore, effrayants, diaboliques.

Dimanche 3 octobre. — Ce que je demande avant tout à Dieu, c’est de mourir dans ma maison, dans ma chambre. La pensée de la mort chez les autres, m’est horrible.

Samedi 9 octobre. — On n’a jamais vérifié le rôle que joue l’amour physique, dans l’attachement des femmes honnêtes pour leurs maris. Quelquefois les maris le savent si bien, que pour punir leurs épouses, ils les privent de leurs faveurs, et les font ainsi, — et cela sans un reproche, sans une parole — venir à résipiscence.