Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/270

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Une autre voix. — Oh, la séductrice famille que cette famille Sarah Bernhardt… Vous n’avez pas connu la charmante petite Régina, morte à dix-neuf ans…

Une autre voix. — Oui, on estime à quatre-vingts millions de rente, la fortune que les jésuites possèdent en France, et cela est établi par une enquête secrète, faite tout dernièrement… C’était assez difficile, ils n’ont que des actions au porteur… le gouvernement a fait des recherches, pour arriver à savoir quelles étaient les personnes qui touchaient ces titres.

Une autre voix. — L’homme n’est qu’une forme de la matière en activité.

Une autre voix. — Le livre de Taine, c’est très bien, sa structure de la société me paraît fort intelligemment faite.

Bardoux. — Messieurs, permettez-moi d’être d’un avis contraire. M. Taine n’a fait son livre que d’après les idées déjà émises dans les livres. Il ne s’est pas douté d’une chose, c’est que la Révolution a été accomplie et exécutée seulement par les légistes, les avocats, les hommes de loi, les procureurs… Songez qu’il y avait 240 avocats à la Constituante. Les historiens n’ont vu jusqu’à présent que le côté épisodique de la Révolution : les séances où parlait Mirabeau, les séances où défilaient les sections. Ils n’ont pas songé que la Révolution, qui est toute la constitution civile de la société actuelle, a été faite sans bruit, sans discussion, sans éloquence,