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au commencement des séances, où l’on votait jusqu’à 90 décrets — des décrets préparés par cinq avocats ou hommes d’affaires… Cela s’est pour ainsi dire passé, sans que, dans leur ignorance des affaires, la noblesse et le clergé se soient aperçus du grand bouleversement tranquille qui se faisait. La révolution est accomplie avec la Constituante.

Cela est nettement et clairement démontré par la lecture de trois cents volumes, que j’ai le premier lus et coupés, — vous m’entendez, messieurs, coupés — les trois cents volumes du Corps Législatif, dans lesquels aucun historien n’a mis le nez, et qui étaient, ce que sont de nos jours, les distributions… Oui, il m’est arrivé de baiser la page, où est l’historique du serment du jeu de Paume… Maintenant ces hommes qui ont fondé une société civile, étaient-ils capables de fonder une société politique. Leur idéal, c’était de fonder, non point une république, mais une monarchie anglaise, et je l’eusse désiré, mais ils n’ont point trouvé d’appui dans le Roi… Il y a encore un grand malheur dans la Révolution, ça été la prédominance du Midi sur le Nord, l’influence girondine… C’est depuis ce temps, il faut l’avouer, que la France est déséquilibrée.
 

Mercredi 29 décembre. — Sur un coin de canapé de la princesse, Fromentin me disait ce soir : « Moi,