Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/347

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être poursuivi ? » Je suis reconnaissant à la femme de cette phrase qui me la dévoile, dans le fond de sa pensée, comme préoccupée des menaces suspendues sur ma tête.

Samedi 31 mars. — Une espèce d’ennui irrité d’attendre, à toute heure, à tout coup de sonnette l’annonce de la catastrophe. Il y a des moments où l’on aimerait en finir, et l’on appelle presque la cruelle certitude.

――――――― Il n’y a vraiment que moi, pour avoir des succès pareils, à celui d’Henriette Maréchal, à celui de La Fille Élisa, des succès où toute la joie légitime de la réussite, du bruit, si l’on veut de l’œuvre, est empoisonnée par les sifflets ou la menace d’une poursuite.

C’est ravivant et exaltant tout de même le succès brut, l’exposition insolente de son livre, de son livre auprès duquel, on sent que les autres n’existent pas. Je viens de voir, sur un boulevard neuf, une grande librairie, qui n’a en montre que La Fille Élisa, étalant par toutes ses vitrines, aux gens qui s’arrêtent, mon nom, mon nom seul.

Allons, plus d’appréhensions bourgeoises, plus de terreurs bêtasses. J’ai fait un livre brave, arrive ce