Puis, quand le panneau a été ainsi préparé, ainsi avancé, ne voilà-t-il pas que notre peintre japonais s’est mis à le laver à grandes eaux, donnant, sur la tête colorée des oiseaux, de petits coups de pouce, amortissant, et ne laissant sur le papier que la vision effacée, de ce qui y était tout à l’heure.
Et le panneau encore une fois remis au feu et retiré mollet, l’artiste indique un tronc tortueux par un large appuiement, mais interrompu, mais cassé, et pique avec la plus grande attention, dans le vide, dans l’effacement, les petites fleurs rouges d’un cognassier du Japon, ne plaçant qu’au dernier moment la valeur noire de son dessin, la tache intense à l’encre de Chine du tronc de l’arbuste.
Et encore des lavages, des séchages, des reprises, des relavages, au bout desquels le lumineux et moelleux dessin était parachevé, tirant de tout ce travail dans l’humide, quelque chose du joli flottement des contours d’une aquarelle qui baigne dans l’eau de la cuvette d’un graveur, — et sans que, selon l’expression d’un peintre, dans cette chose soufflée, se sentît la moindre fatigue.
Vendredi 29 décembre. — Pillaut, le musicien, disait spirituellement, ce soir : « Oui, maintenant quand je parle, on m’écoute… et vous savez, lorsque je dis les choses les moins intéressantes, c’est autour de moi, un cercle de gens attentifs, approuvant mes