Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/74

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des gens de toute sorte, le vieux Janvier, l’oculiste Magne, la phalange de Médan.

Et l’on soupe assez gaiement, toutefois avec un fonds d’affairement et de préoccupation du lendemain, au milieu de sorties de Zola et de Chabrillat, allant voir les journalistes qui soupent au-dessous, au milieu de la lecture de fragments d’un grand article, devant paraître le lendemain, au milieu de racontars d’après lesquels un contrôleur aurait envoyé faire f… le préfet de police.

Mardi 21 janvier. — Bardoux est venu dîner aujourd’hui chez Brébant. Il ne dissimule pas, malgré la victoire du ministère, son peu d’espérance de se maintenir, et là-dessus on ne lui laisse aucune illusion, et on lui recommande de soigner sa sortie.

En s’en allant, il m’appelle pour faire un bout de chemin avec lui. Il me dit qu’hier a été la première attaque du jacobinisme, que le maréchal est parfaitement décidé à s’en aller… puis, dans une animation colère, s’exclame contre la femme de ce temps, contre sa servilité honteuse, et il parle, avec des hoquets de dégoût, des femmes teintes en bleu, faisant la cour à genoux, au Gambetta.

Son emportement apaisé, je lui demande pourquoi il n’a pas décoré Zola ? Il me répond qu’il a rencontré une opposition formelle au conseil des ministres. Je lui demande pourquoi il n’a pas fait officier Re-