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Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/104

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habiter son front, les chatteries sensuelles de ses gestes. Ses demi-asseyements sur une fesse, une jambe repliée pour jouer du piano, ses fumeries de cigarettes à l’instar des lorettes de Gavarni ; enfin toute cette mimique de fille, et jusqu’à la merveilleuse composition de cette toilette de campagne, idéale toilette de cocotte avachie.

Jeudi 17 décembre. — Daudet rentre chez lui, très content de la répétition générale. Les journalistes semblent devoir caner devant le succès, qu’ils sentent ne pouvoir enrayer.

Vendredi 18 décembre. — Première de Sapho.

Trois actes, sauf la scène du père cocher, accueillis par un public, charmé, subjugué, conquis : trois actes où tous les mots, les intentions, les plus petits riens sont saisis, compris, soulignés de petits oh, de sourires, d’applaudissements, comme je ne l’ai vu dans aucune pièce.

Puis la grande scène de rupture, sur laquelle nous comptions tant pour l’enlèvement de la pièce, accueillie froidement, et sa froideur déteignant sur le cinquième acte. Au fond une déception pour les amis qui s’attendaient à voir finir la pièce par une acclamation, un triomphe, un emballement frénétique