Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/158

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dée à quitter l’avenue de l’Observatoire. Elle nous a fait la description d’un salon d’une certaine vieille dame toquée, où il y avait des mannequins de messieurs en habit noir, et en cravate blanche, qu’on devait épousseter et brosser tous les matins : mannequins un peu effrayants, et qui faisaient sauver à toutes jambes, une bonne, le premier jour de son entrée.

Mercredi 27 octobre. — Fichel le collectionneur et l’enthousiaste du dix-huitième siècle, est venu aujourd’hui à Auteuil, tout simplement pour me jeter par la porte, cette phrase : « Vous savez l’Embarquement pour Cythère est placé dans le Salon carré… Ce que vous avez prédit, il y a vingt ans, est arrivé… j’ai fait la course pour vous l’annoncer ! »

Jeudi 28 octobre. — Porel raconte, ce soir, chez Daudet, que le beau-père de sa femme qui avait gagné près de quatre millions, en trente ans, à fabriquer des uniformes pour les armées du Grand Empereur, disait à ceux qui s’étonnaient, qu’il ne sût pas écrire : « On trouve toujours un imbécile qui sait lire et écrire. »

Il affirme avoir gagné 75 000 francs, avec la reprise du Fils de famille, et perdu 80 000, avec le Songe d’une nuit d’été.