Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/182

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un peu comme ces crises qui courent dans une salle d’hôpital, et vont, de lit en lit, atteignant tout le monde.

Banville avec son ironie à lui, ironie toute charmante dans sa forme bonhomme, raconte comme quoi Sarcey à une pièce quelconque de l’Odéon, jouée ces années dernières, l’a emmené boire un bock dans un café, et lui a dit tout à coup : « Vous savez, Hugo est un grand lyrique… Oui, ces temps-ci j’ai été emmené à la campagne par un ami… Il y avait dans une armoire de la chambre, où je couchais, un livre tout taché, tout dégoûtant… Les Feuilles d’Automne, connaissez-vous ça ?… Eh bien, il y a là dedans, un mendiant en train de se chauffer auprès du feu, passant à travers son manteau, qui fait comme les étoiles dans le ciel, la nuit… Oh mais là, vous savez, c’est un grand, lyrique ! » — Et le voilà faisant une scène à Banville, ne le trouvant pas à l’unisson de son admiration.

Dimanche 9 janvier. — Il n’y a plus qu’une chose qui me sorte de mon écœurement de la vie, et qui m’y fait reprendre un peu d’intérêt : c’est la première épreuve d’un livre nouveau.

Margueritte allant voir, ces jours-ci, un ami de son père, au Sénat, a été mis en rapport avec Anatole France, qui lui a dit : « Oui, oui, c’est entendu, Flaubert est parfait, et je n’ai pas manqué de le procla-