Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/198

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Samedi 26 mars. — Dans les silences d’une grande dame de ma connaissance, silences un peu méprisants, je perçois souvent l’étonnement, qu’elle éprouve des basses relations qu’en général, nous avons, les uns et les autres, de la littérature. Elle ne comprend pas, que c’est une carrière de faire des femmes à peu près distinguées, et que les gens qui travaillent, et qui ne sont pas mariés, ne trouvent pas le temps de se procurer cet à peu près.

Dimanche 27 mars. — C’est extraordinaire, qu’en dépit de ma vie de renfermement, de ma renommée de piochage, enfin de la publication de quarante volumes, le de qui est en tête de mon nom, et peut-être une certaine distinction de mon être, continuent à me faire prendre par mes confrères, qui ne me connaissent pas, et qui travaillent cent fois moins que moi, — continuent à me faire prendre pour un amateur.

À propos de mon Journal, quelques-uns s’étonnent que cette œuvre ait pu sortir d’un homme, considéré comme un simple gentleman. Et pourquoi, aux yeux de certaines gens, Edmond de Goncourt, est un gentleman, un amateur, un aristocrate qui fait joujou avec la littérature, et pourquoi Guy de Maupassant, lui, est-il un véritable homme de lettres ? Pourquoi, je voudrais bien le savoir ?

Comme je reprochais à Rosny l’alchimie de ses