Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/226

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son emploi à tout bout de champ, il fait la remarque que le mot d’origine espagnole ou italienne, a été adopté par le romantisme, et surtout affectionné par Hugo, qui en a senti tout le charme diffus et vague.

Hier, c’était le divorce, dont nous parlions, le divorce, ce tueur du mariage catholique, ce radical métamorphoseur de la vieille société, dont il comparait l’action, en un temps prochain, à la trouée, au-dessous de la flottaison, dans les flancs d’un navire en train de couler.

Dans cette toquade de combativité qui a pris Drumont, il devient un personnage tout à fait original. La nature n’est plus pour lui, qu’un décor de champ clos. Quand il a loué sa maison de Soisy, il s’est écrié : « Ah ! voilà un vrai jardin pour se battre au pistolet ! » Telle allée du parc de Daudet lui fait dire : « Oh ! la belle allée pour un duel à l’épée. » Et comme on causait ces jours-ci d’un mariage pour lui, n’a-t-il pas dit, à un moment, en souriant : « Oui, très bien, très bien, c’est parfait ce que vous me dites de la jeune fille… mais croyez-vous qu’elle s’émotionnera à l’entrée chez moi, le matin, de deux messieurs ? »

Lundi 3 octobre. — Ce matin, Daudet, en écartant le rideau de ma croisée, soupire presque : « Ce que j’aime la campagne !… voir ça, c’est une allégresse en moi !… il me semble, que j’ai une cervelle de diamant… que, dans la journée, je vais faire des choses !… »