Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/236

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Jeudi 24 novembre. — Pillaut parlait curieusement ce soir, du son de la voix des anciens violons et violes d’amours, qui n’est pas une voix de gorge mais plutôt une voix de baryton : une voix un peu nasillarde.

Lundi 5 décembre. — Avec l’élection de Sadi Carnot, c’est la tyrannie de la médiocratie qui commence, une tyrannie qui ne voudra plus à la tête du gouvernement d’un homme ayant une valeur, qu’il soit Ferry ou tout autre.

Dimanche 18 décembre. — On pousse la porte du grenier… c’est Burty redivivus, tristement redivivus.

Il entre, s’assoit dans un fauteuil, son chapeau sur la tête, tenant sa canne avec un geste automatique de figure de cire. La narquoiserie de son visage s’est envolée, et il a le sourire inexpressif d’un gros et épais bourgeois, en visite. Alors il nous raconte avec un air béat et une joyeuseté gaga, qu’il est guéri, mais qu’il a passé un moment désagréable, agaçant… finissant ses phrases dont il ne peut sortir, avec des ronds tracés par sa canne sur le tapis.

Et le voici revenant sur sa maladie, disant que quand il désirait du vin, il demandait de l’eau, disant que c’était le plus souvent une interversion de