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boutiques de ferrouillats, ignorant encore la mise en scène et le montage de coup, par la brochure et la photographie, de l’objet d’art, montré sous un coup de jour, dans le clair-obscur d’un petit salon ad hoc.

Bien rares, hélas ! sont les noms connus du temps de ma jeunesse.

Qui peut reconnaître dans le remaniement de la bâtisse, l’endroit où était la boutique de Vidalenc, cet antre aux carreaux poussiéreux, à la ferraille infecte garnissant la margelle de la porte, et tout bondé à l’intérieur de trésors ? Ah ! les merveilles, que j’ai vues là, et dans tous les genres, mais surtout quelles boiseries ! quels lits à la duchesse, à la polonaise, à tombeau ! quelles ottomanes ! quels fauteuils à poches, à cartouches, en cabriolet, en confessionnal ! Quelles chaises en prie-Dieu ! Il semblait que ce magasin fût le garde-meuble de tout le mobilier contourné et si adorablement sculpté du dix-huitième siècle. Et vous marchiez de surprise en surprise, de tentation en tentation, précédé de Mme Vidalenc, au pas, ne faisant pas de bruit, à la robe d’Auvergnate, mais au bonnet garni de vieilles dentelles jaunes, si belles, si belles, que chaque fois que la princesse Mathilde les voyait, elle voulait les acheter.

Voici encore le pavillon de Mme Gibert, où derrière les vitres apparaissent encore quelques lions, en affreuse faïence ocre, mais sur toutes les fenêtres, est collée une large bande portant : Grand appartement pour le commerce à louer.

Et tout près de là, mon Dieu, je me rappelle, il y a