Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cipale est un grand atelier. Bonnetain l’a meublé, l’a égayé avec de la japonaiserie à bon marché, d’immenses éventails, quelques objets grossiers rapportés de là-bas ; mais toute cette bibeloterie colorée est amusante par sa fantaisie, et son exotisme. Et là dedans encore, il a eu l’idée d’installer deux paravents qu’il a fait couvrir d’affiches de Chéret, dont les colorations se marient au mieux avec la japonaiserie des murs.

Un dîner, où se succèdent des bouteilles, des bouteilles, des bouteilles.

Mardi 14 février. — Aujourd’hui, qui se trouve être un mardi gras, ignoré par moi, et où est fermée la bibliothèque du Musée Carnavalet, me voilà dans le faubourg Saint-Antoine, au milieu duquel le carnaval se révèle seulement par la vue d’enfants ayant, sur leurs jeunes et frais visages, de gros nez pustuleux d’ivrognes, et sous ces nez pustuleux d’horribles moustaches grises.

Si près de la Bastille, moi, habitant d’Auteuil, qu’un hasard mène si rarement dans ces quartiers lointains, je me sens le désir de revoir ces vieux boulevards : ce boulevard Beaumarchais, ce boulevard des Filles-du-Calvaire, ce boulevard du Temple ; ces trois boulevards, qui d’un bout à l’autre exposaient à leurs vitres, et un peu en plein air, le musée du rococo ; — ces boulevards aux candides et sales