Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/264

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en train de lire le Journal des Goncourt, dont il m’a envoyé un exemplaire sur papier du Japon… sur ce beau papier lisse… c’est une jouissance pour moi, comme si je le lisais sur des cuisses de femmes. »

Dîner avec Zola chez les Charpentier.

Au régime de ne plus boire en mangeant, et de ne plus manger de pain, Zola, en trois mois, est maigri de vingt-huit livres.

C’est positif, son estomac s’est fondu, et son individu est comme allongé, étiré, et ce qui est parfaitement curieux surtout, c’est que le fin modelage de sa figure passée, perdu dans la pleine et grosse face de ces dernières années, s’est retrouvé, et que, vraiment, il recommence à ressembler à son portrait de Manet.

Lundi 5 mars. — Une juive répondait à une dame de sa connaissance l’avertissant d’une liaison de son mari avec son amie intime : « Non, je ne crois pas que mon mari coure, mais s’il court, j’aime mieux que ce soit avec mon amie. » La juive se révélait dans cette phrase. Elle voyait dans la trahison de son mari avec une femme de la société, moins de scandale, moins de casse, et moins de dépense, qu’avec une cocotte.

Mercredi 7 mars. — La princesse disait, ce soir, du prince de Galles, avec lequel elle a dîné, ces jours-ci :