Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/268

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d’autrefois devenue toute blanche, une grosse face mamelonnée et tuberculeuse, un estomac dilaté par les innombrables bocks, absorbés pendant toute sa vie.

Nous parlons du passé de Peyrelongue, ce marchand de tableaux phénoménal, qui n’a jamais vendu un tableau de sa vie, de Galetti, de Servin, de Pouthier, des uns et des autres, morts ou disparus, enfin de Dinochau, le cabaretier de la littérature sous l’Empire.

Et à ce propos, il me conte qu’il est le fondateur de Dinochau, qu’un entrepreneur-décorateur l’ayant employé dans un moment, où il était sans travail et sans commandes, lui avait dit à la fin d’une journée : « Si nous allions prendre une absinthe en face ? »

Là, chez le marchand de vin, une odeur de soupe aux choux ! une odeur !… qui fit dire à Voillemot : « Est-ce qu’on ne pourrait pas dîner ici ? »

Et tout d’abord les portraits de ce monde, croqués par Voillemot : le père Dinochau, un vieil abruti, la mère Dinochau qui avait de gros yeux saillants comme des tampons de locomotive, et le fils Dinochau célèbre plus tard, un voyoucrate fin et intelligent.

On les accepte à dîner, et les jours suivants, Voillemot amène des camarades, et au bout de quelque temps, les convives deviennent si nombreux, qu’on est les uns sur les autres. « Si vous preniez l’entresol, » dit un jour Voillemot au ménage Dinochau. Le ménage se décide, et le gras Chabouillet, dont