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Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/275

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Parmi les caricatures du caricaturiste énorme, le Chinois enthousiasmé, le Gamin ému, ont quelque chose de semblable à des charges par un artiste des cavernes, dans un quartier de roche.

Ce soir, comme je parlais au jeune Hugo, avec une grande admiration, des dessins de son grand-père, et comme je lui disais, comme les tons jaunâtres de ses vieilles pierres vermicellées faisaient bien dans le gris de l’encre des ciels, des terrains, des fonds, il m’apprenait que ces tons jaunâtres étaient obtenus avec du café sucré : ces croquis étant faits pour la plupart du temps, à la fin des repas, sur la table à manger.

Vendredi 4 mai. — Hayashi vient me donner sa traduction des étiquettes de pivoines, qu’il m’a envoyées du Japon. Ces pivoines ont des dénominations, comme celle-ci : Nuage de bronze, Soleil levant du port, Bambou neigeux, Blanc de la Vie mondaine, Toilette légère, Parfum de manches des femmes.

Je vais dîner chez Pierre Gavarni qui arrive un peu en retard d’une chasse au sanglier à Chantilly, et l’on dîne gaiement.

Il y a un dîneur que j’ai déjà rencontré, un Marseillais, à l’oreille appartenant toute au chant des oiseaux, et qui n’en donne pas seulement le son, mais qui en répète, mot à mot, la chanson. Un curieux être, un amoureux, un passionné, un notateur des