Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/276

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bruits musicaux de la Nature, et qui nous fait une imitation admirable du bruit du mistral dans les pins du Midi.

Jeudi 10 mai. — On causait, ce soir, de l’aspect église, qu’ont, à l’heure présente, les temples de l’argent, et l’on décrivait le grand escalier du Comptoir d’escompte, l’élévation des salles, leur éclairage tamisé, enfin l’ensemble de dispositions architecturales donnant à un édifice un caractère religieux. Il était question des paroles à voix basse, qui se disaient avec une sorte de recueillement, devant cet autel de la pièce de cent sous, tout comme devant un autel, où figurerait la tête du Christ sur le voile de Véronique, — et même la remarque était faite de la physionomie de bedeaux, qu’avaient en ces endroits, les garçons de caisse.

Dimanche 13 mai. — Comme je m’extasie devant Hayashi, sur la grâce voluptueuse, qu’Outamaro, mon artiste de prédilection, a mise dans ses longues femmes, et qu’à propos d’une planche des Douze Heures, de cette impression, où d’une robe pâle, paraissant tissée de toiles d’araignée bleues, jaillit une petite épaule nue de femme, à la maigreur excitante, et que je lui dis qu’on sent chez l’artiste, un amoureux du corps de la femme, il me révèle qu’il est mort d’épuisement.