Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/293

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menuets, où, avec des notes de musique, il se montre comme un historien de la gravité du grand siècle louisquatorzien.

Samedi 15 septembre. — Ce soir, Daudet dit qu’il n’y a pas de livre, sur le compte duquel son jugement ne change pas, quand il le relit au bout de dix ans, et plaisante un peu l’immuabilité des religions littéraires de sa femme, restant constamment et fidèlement attachée à Leconte de Lisle, aux Goncourt, etc., et se servant du mot manie, pour caractériser ce manque d’évolution de l’esprit de sa femme. Mme Daudet se fâche un peu, et c’est une grosse discussion.

Lundi 17 septembre. — Conversation à déjeuner, où Daudet raconte, qu’avant-hier au Vieux Garçon, il a causé avec les cabaretiers, qui lui ont dit : leur famille tenir ce cabaret, depuis quatre générations, mais qu’autrefois, c’était uniquement la marine qui fréquentait l’endroit, et que depuis trente ans seulement, les bourgeois avaient l’habitude d’y venir. Causerie coupée par des ressouvenirs sur la batellerie de l’époque, sortant de la bouche édentée d’un vieux du pays, buvant un demi-setier de vin à une table voisine : ressouvenirs donnant toute la coloration de l’époque, en quelques mots.