Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/311

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décor du tableau de l’engueulement, à la porte d’un marchand de vin. C’est peut-être enfantin de ma part, car j’ai la conviction, que Porel et le décorateur ne tiendront compte ni de mes croquetons, ni de mes notes. Mais il faut tout faire, pour s’approcher de la vérité, — après quoi, arrivera ce qu’il voudra.

Dimanche 25 novembre. — Bracquemond a été invité, un jour, par le procureur impérial, à venir regarder le bourreau toucher chez lui son argent, à l’effet de voir sa main. À ce qu’il paraît, c’est le procureur royal, impérial, ou de la République, qui paye en personne le bourreau, et sans que celui-ci donne un reçu. Donc la pile de pièces de cent sous, était posée sur un coin de la table. Le bourreau entra, salua. Le procureur impérial, d’un geste lui montra l’argent, et alors Bracquemond vit la pile de pièces de cent sous disparaître, sous une main d’un format et d’une épaisseur, comme il n’en avait jamais vu. Quel était ce bourreau ? Bracquemond ne se le rappelle plus.

Ce soir, chez Daudet, sur ma déploration du manque d’argent, pendant toute ma jeunesse, Daudet et Drumont parlent en chœur, et content l’affreuse lutte de leurs premières années, avec le logeur, la crémerie, le fripier.

Drumont rappelle un endroit, où il y avait une poule, qui mangeait entre vos jambes, et qui faisait