Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/322

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À ce qu’il paraît, Jacques Blanche aurait entendu dans les sociétés qu’il fréquente, que la première serait houleuse.

Jeudi 13 décembre. — Ah ! le théâtre, c’est plein d’imprévu hostile ! Réjane, qui a une névralgie dans la mâchoire, et qui n’a pas répété hier, et qui depuis deux jours n’a pas mangé, après avoir avalé un bouillon qu’on est allé chercher chez Foyot, ne peut donner que les attitudes de son rôle, que dit tout haut la souffleuse.

Samedi 15 décembre. — J’ai rendez-vous à l’Odéon, avec Loti, qui part demain matin et ne pouvant assister à la première, remise à mardi, m’a demandé à être présent à la répétition de la censure.

Je le trouve dans le cabinet de Porel, causant du Mariage de Loti, que fabriquent, en ce moment, des inconnus, et je l’engage et le décide très facilement à faire la pièce lui-même. Et voici Porel, avec sa facilité d’emballement, rêvant déjà de décors exotiques et de mélodies haïtiennes, et faisant du Mariage de Loti, dans son imagination, la pièce à succès de la fin de l’année, et voilà l’auteur du charmant roman, tout charmé, et sous le coup de la fascination de cette chose nouvelle : le théâtre, — et