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Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/71

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race, et comme fin, l’épouse après avoir pardonné, mourant de sa blessure.

Des journées, remplies par de longues promenades, ventilées par les bourrasques des plateaux de Cour-Couronne, et par la lecture de morceaux de mon Journal, qui semblent faire une impression pénétrante sur le ménage.

Daudet me parlait aujourd’hui de sa mère, dont il tient plus que de son père ; de celui-ci il n’aurait que les violences. Cette mère dont il cause volontiers, il me la peint, avec des paroles tendres.

Jeudi 6 août. — Nous en sommes arrivés avec Daudet à ce degré d’intimité, où l’on reste à côté l’un de l’autre, sans se parler, silencieusement, heureux d’être ensemble, et n’éprouvant pas le besoin de le témoigner, et de remplir les vides de la conversation.

Vendredi 7 août. — Aujourd’hui Céard et Geffroy, invités par Daudet, sont venus déjeuner Au Vieux Garçon, un cabaret sur la Seine, au-dessus de Corbeil, un cabaret, qui avec ses gros arbres en boule, ses tonnelles, évoque un de ces endroits, où le dix-huitième siècle allait manger une matelote. Sous la treille de houblon où nous étions assis, il y a eu une