Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/126

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à fait inconnu, ayant le grade de sergent-major dans la garde nationale, et qui, dans l’insurrection de Marseille, sauvait le préfet qui allait être massacré, — et tombait avec cette recommandation sur le pavé de Versailles, au moment de la rédaction du traité avec Bismarck.

Alors le correspondant du Times, mais le correspondant du Times, avec un traitement de 75 000 francs et la considération d’un ambassadeur, était lord Oliphant, ce personnage extraordinaire qui avait été une espèce de Brummel, un familier de princes, un diplomate en Chine et au Japon, un martyr portant encore aux deux poignets les stigmates de la martyrisation, le fondateur d’une religion à laquelle il avait donné toute sa fortune, un homme, pendant quelque temps, descendu à être un brouetteur de feuilles mortes, et redevenu dans le Times, l’intermédiaire entre l’Angleterre et la France, au moment où la France traversait ces années tragiques.

Il arrivait à lord Oliphant d’employer Blowitz, ayant dans le reportage une audace sans exemple, et qui dans ce moment, où toute la diplomatie européenne à l’affût de nouvelles, était à Versailles, et ne pouvait parvenir auprès de Thiers, — lui, Blowitz y pénétrait par les cuisines.

Or, dans le moment, il s’était passé ceci : un jour le marseillanisme de Thiers, discutant avec le comte d’Arnim, avait été tel, que le comte n’avait pu s’empêcher de lui jeter : « Mais à vous entendre parler ainsi, on dirait vraiment que vous avez gagné la