Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/138

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les longues heures qu’il ne dort pas, ajoutant bientôt que malheureusement, le matin, les mots à couleur, les sonorités qu’il a trouvées, — ce sont ses expressions, — c’est délavé, éteint.

La conversation va au Japon, aux impressions, aux images obscènes qu’il m’affirme ne plus venir en Europe, parce que, au moment où le pays a été ouvert aux étrangers, ils ont acheté ces images avec des moqueries et des mépris publics pour la salauderie des Japonais, et que le gouvernement a été blessé, a fait rechercher ces images, et les a fait brûler. Maintenant ces images ne seraient pas, comme on l’a cru jusqu’ici, des images à l’usage des maisons de prostitution, elles seraient destinées à faire l’éducation des sens des jeunes mariés ; et dans un volume, illustré par la fille d’Hokousaï, racontant le mariage et ses épisodes, on voit roulée près du lit des jeunes époux, une série de makimono qui doivent être une collection de ces images. Il y a quelques années Nieuwerkerke me parlait d’une série de tableaux érotiques, qui avaient eu pour but d’allumer, lors de son mariage, les sens du roi Louis XV, tableaux que j’avais déjà trouvés signalés dans Soulavie.

Je l’emmène voir mon buste de Lenoir, et en revenant, il remonte chez moi, et je sens qu’il a toutes les peines à s’en aller, pris d’un bonheur presque enfantin à causer avec moi. Et je dois le dire, j’éprouve une espèce de revenez-y d’amitié pour l’homme redevenu affectueux, comme aux premiers