Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/142

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une glose curieuse à joindre aux Évangiles apocryphes.

Incontestablement cette vie de Jésus en plus de cent tableaux, cette représentation où se mêle à une habile retrouvaille de la réalité des milieux, des localités, des races, des costumes, le mysticisme du peintre, produit à la longue, par le nombre et la lente succession de ces études, un grand apitoiement, et même fait monter en vous une tristesse, au souvenir de ce juste, une tristesse attendrie qu’aucun livre ne vous apporte.

Nous montons, un moment, dans le haut de l’atelier, joliment arrangé dans le goût anglais. Et dans le crépuscule, avec une voix qui se fait tout à fait mystérieuse, et des yeux vagues, il nous montre une boule en cristal de roche, et un plateau d’émail qui servent à des évocations, et où l’on entend, assure-t-il, des voix qui se disputent. Puis il tire d’une commode, des cahiers, où il nous montre de nombreuses pages contenant l’historique de ces évocations, et nous montre enfin un tableau, représentant une femme aux mains lumineuses, qu’il dit être venue l’embrasser, et dont il a senti sur sa joue, ses lèvres, des lèvres pareilles à des lèvres de feu.

Lundi 3 février. — Ce soir, une jeune fille confessait sa répulsion et son dégoût pour les danseurs et les valseurs sentant la flanelle échauffée : flanelle