Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/143

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que tous les jeunes gens ont pris l’habitude de porter en faisant leur service militaire.

Jeudi 6 février. — Ce matin, dans ma toilette du matin, tombe Réjane toute tourbillonnante dans une pelisse rose. Quelle vitalité ! quelle alacrité, il y a chez cette femme ! Je lui ai écrit à propos de la pièce de Monsieur Betsy, de Paul Alexis, qu’elle se refuse à jouer, et au sujet d’une très jolie étude de sa personne, commencée par Tissot, et qu’il va remonter au grenier, si elle ne revient pas poser. C’est une parole blagueuse, coupée de rires gamins, et de remuements qui ne peuvent tenir en place sur sa chaise. Et elle me dit qu’elle trouve bonne la pièce d’Alexis, mais son rôle détestable, puis qu’il est question de jouer une seconde pièce de Meilhac après le Décoré, qu’elle est une nature franche, une femme de parole, qu’elle ne veut pas répéter une pièce, qu’après cinq ou six représentations, on arrêtera, laissant les auteurs le bec dans l’eau. Elle me parle ensuite de reprendre Germinie Lacerteux, et peut-être de la jouer en Angleterre, où elle me dit qu’elle a un public à elle.

Descendant l’escalier : « Vous ne savez pas… figurez-vous qu’en venant chez vous j’ai rencontré un auteur… Connaissez-vous Grenet-Dancourt ?… C’est lui… il m’a parlé d’une pièce pour moi… il l’avait sur lui… je l’ai fait monter dans ma voiture… Bref,