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contre ma pièce et ma personne, les imbéciles qui les écoutent, et aujourd’hui le papetier chez lequel Blanche a l’habitude d’aller, lui disait avec une exaspération amusante : « On ne conçoit pas qu’on ait laissé jouer une pièce, où on dise de telles horreurs ! »

Réjane m’apporte une grande photographie de sa personne sur son lit d’hôpital.

Mercredi 9 janvier. — Bourget, qui dîne ce soir chez la princesse, me raconte la mort de Nicolardot, qui, transporté de sa chambre de misère dans un lit bien chaud d’hôpital, au milieu de toutes les aises de la maladie, n’a pas duré quatre heures, tandis que peut-être, il aurait encore vécu des mois dans la sordide maison qu’il habitait… Le voilà mort, et voilà les personnages de son enterrement : Coppée, un académicien ; Mlle Barbier, la fille du conservateur de la bibliothèque du Louvre, où je l’ai rencontrée deux ou trois fois : une sainte prise de commisération pour ce misérable ; le propriétaire de la maison de prostitution qu’il habitait ; et un quelconque.

Le quelconque et l’académicien n’avaient point de livres de messe, mais le bordelier entre ses mains en tenait un du plus grand format, en sorte que Mlle Barbier donna le bras à l’homme infâme.

L’ironique enterrement, qui s’est terminé, Mlle Barbier partie, par cette phrase du ribaud : « Oui, très gentil, ce monsieur Nicolardot… oui, tous les matins,