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Lundi 7 janvier. — Ce soir, après un dîner, donné chez moi, au ménage Daudet, à Oscar Méténier et à Paul Alexis, Méténier nous lit la pièce, qu’il a tirée, en collaboration avec Alexis, des Frères Zemganno.

C’est chez les Daudet et chez moi, avec une grande émotion, un étonnement qu’ils aient pu tirer du livre, une chose scénique. Très bien machinée la pièce, et une œuvre toute délicate, toute artiste.

Je me félicite de l’idée que je leur ai donnée — contrairement à l’opinion de Zola — de rester fidèles au roman, de ne pas introduire d’amour, et de faire seulement de la Tompkins une silhouette fantasque, trouvant qu’ainsi comprise et réalisée, la Tompkins fait la pièce originale.

Après la lecture, Méténier me dit : « Voulez-vous que je vous raconte la genèse de la pièce ? C’est Antoine qui, un soir, me jeta : “Mais comment ne faites-vous pas une pièce des Frères Zemganno ?… Il y aurait une pièce si curieuse à faire !” Je rentrai chez moi, la nuit, je relus d’un coup le roman, et le matin, j’écrivais à Alexis pour avoir sa collaboration, en même temps que je vous demandais l’autorisation pour faire la pièce. Quelques jours après, on m’apportait une lettre de vous, datée de Champrosay, et nous nous mettions de suite à collaborer. »

Mardi 8 janvier. — Dans cet Auteuil, dans cette banlieue cléricale et dévote, les curés ont soulevé