Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/200

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terdiction m’a tout l’air d’avoir été amenée par des passages de mon Journal, pendant mon séjour à Munich chez Lefebvre de Béhaine… Est-ce que j’appelle la guerre ? Peut-être ! Je suis bêtement chauvin, je l’avoue, et demeure humilié et blessé de la douloureuse guerre de 1870. Puis pour moi, la France commençant à Avricourt, n’est plus la France, n’est plus une nation dans des conditions ethnographiques qui lui permettent de se défendre contre une invasion étrangère, et j’ai la conviction que fatalement, et malgré tout, il y aura un dernier duel entre les deux nations : duel qui décidera si la France redeviendra la France, ou si elle sera mangée par l’Allemagne.

Samedi 20 décembre. — Dîner donné par Gallimard, pour l’apparition de l’édition de Germinie Lacerteux, tirée à trois exemplaires.

Causerie avec le peintre Carrière, qui me tire de sa poche, un petit calepin, où il me montre une liste de motifs parisiens qu’il veut peindre, et parmi lesquels, il y a une marche de la foule parisienne, cette ambulation particulière, que j’ai si souvent étudiée d’une chaise d’un café du boulevard, et dont il veut rendre les anneaux, semblables pour lui aux anneaux d’une chaîne.

Dimanche 21 décembre. — Duret contait aujourd’hui au Grenier, qu’il avait assisté au Japon à une