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représentation des Fidèles Ronins, où les quarante-cinq ronins, tout couverts de sang, traversaient la salle dans toute sa longueur, sur un petit praticable établi au-dessus des Japonais assis à terre, et que le passage à travers la salle de ces guerriers ensanglantés, était d’un effet terrible.

Mardi 23 décembre. — Oui, une seule fois dans le décor, la répétition de l’acte du Tribunal de la Fille Élisa, et encore avec un tas de choses qui manquent, et sans les bancs, qui doivent être faits, et peints, et séchés à la lampe, demain matin. C’est effrayant, la confiance d’Antoine dans la réussite des choses théâtrales, ainsi improvisées.

Vendredi 26 décembre. — Première de la Fille Élisa. L’enfant donné aux cochons, du Conte de Noël qui précède la pièce d’Ajalbert, et plus encore la sempiternelle répétition d’un chant sur les cloches et clochettes de la nuit adoratrice, mettent la salle dans une exaspération telle, qu’Antoine rentre deux ou trois fois dans sa loge, nous disant : « Je n’ai jamais vu une salle pareille ! »

Bon ! après la réussite de la répétition générale, après cette assurance d’un succès, nous voici menacés d’un four. Et nous allons, Ajalbert et moi, très