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donnée à la beauté des joues dans les descriptions de l’antiquité, et dans le modelage de caresse de la sculpture grecque, puis du rien, pour lequel elle est comptée aujourd’hui dans nos deux arts. Trouverait-on, à l’heure qu’il est, dans une description de figure de femme de n’importe quel roman, la mention de la délicatesse, de l’élégance d’une joue ?

Vendredi 24 avril. — Le sculpteur Lenoir, me parlait aujourd’hui de l’état de délaissement, où était tombée la pauvre Joséphine, en ses vieux jours, et me contait que son père, déjeunant avec son grand-père à la Malmaison, le sel manquant sur la table, la ci-devant Impératrice avait été obligée de dire à son père, encore jeunet : « Mon petit, lève-toi, et dis à Jean d’apporter le sel. »

Samedi 25 avril. — Hier, visite à la comtesse Greffulhe. On m’a fait monter dans un grand salon aux boiseries dorées, égayé par un admirable meuble de Beauvais, aux bouquets de fleurs les plus papillotantes sur un fond crème, un meuble au nombre incroyable de fauteuils, de chaises, de grands canapés, de délicieux petits canapés pour tête-à-tête. Dans la pièce éclairée à giorno, la comtesse arrive bientôt décolletée, dans une robe noire, aux espèces d’ailes