Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un enfant dans la conduite de la vie, et qu’il se trouve avoir une cervelle de l’homme mûr dans les choses de l’intellect. Daudet est surtout très frappé de la quantité et du bouillonnement des idées, dans le livre de son fils.

Arrive Ajalbert, invité à dîner avant son départ pour l’Auvergne, où il va fabriquer le bouquin commandé par la maison Dentu, et tâcher de faire une pièce. Comme on lui reproche de ne pas assez travailler, il nous dit qu’il est le jumeau d’un frère mort, et qu’il se sent seulement une moitié de vie, et qu’il lui faut un effort énorme pour s’entraîner.

Lundi 1er juin. — J’ai eu du plaisir à retrouver dans une interview d’Hervieu, une idée de mon Journal sur l’avenir du roman, à la date du 6 juillet 1856 et qui dit : « … Enfin le roman de l’avenir est appelé à faire plus l’histoire des choses qui se passent dans la cervelle que des choses qui se passent dans le cœur. » Il me semble que c’est là, où va décidément le roman dans ce moment.

Au fond j’aurais pu dire dans mon interview d’Huret : J’ai donné la formule complète du naturalisme dans Germinie Lacerteux, et les livres qui sont venus après, ont été faits absolument d’après la méthode enseignée par ce livre. Maintenant du naturalisme, j’ai été le premier à en sortir, et non par l’incitation d’un succès dans un autre genre à côté