Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/27

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privée, voici que recommence chez les décadents une génération de chercheurs d’effets, de poseurs, d’étonneurs de bourgeois.

Samedi 9 février. — On cause à dîner, chez Daudet, de ce théâtre de Shakespeare, de ce théâtre hautement philosophique ; on parle de ces deux pièces de Macbeth et d’Hamlet d’une humanité si eschylienne, et dont le théâtre moderne n’a rien gardé, en son terre à terre d’aujourd’hui, et où les individualités sont si peu originales, si bourgeoisement petites. Et l’on s’entretient amoureusement de ce théâtre faisant la joie intellectuelle de Weimar, et de là on est amené à dire qu’il n’y a que les milieux restreints, les petits centres pour goûter la littérature distinguée, et l’on cite les petites républiques de la Grèce, et les petites cours italiennes de la Renaissance : tout le monde constatant que les grandes accumulations de populations, comme Paris, les capitales à l’innombrable public, font de préférence de formidables succès à Roger la honte ou à la Porteuse de pain, à de grosses et basses œuvres.

Lundi 11 février. — Ces grandes affiches jaunes, à moitié pourries de Germinie Lacerteux, que mon œil rencontre encore dans les rues, c’est triste comme les choses qui vous parlent d’une morte.