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tin, et je n’étais préoccupé que de n’avoir pas un moment de faiblesse, en montant à l’échafaud, pour que ça ne nuisît pas à ma réputation littéraire.

Visite de Mévisto, qui me demande à jouer Perrin dans la Patrie en danger. Ce n’est pas du tout l’homme du rôle. Je le vois dans Boussanel, et non dans Perrin, mais ce rôle de Perrin c’est l’ambition de tous les acteurs du Théâtre-Libre.

Ce soir, qui devait être la dernière de Germinie Lacerteux, je vais à l’Odéon.

Je trouve Réjane dans l’enivrement de son rôle. Elle m’emmène dans sa petite loge au fond de la salle, et tout en changeant de robe, elle me remercie chaudement, chaudement, de lui avoir donné ce rôle.

Un moment, j’entre au foyer, où mes petites actrices voient arriver avec ennui le jour, où elles ne vont plus jouer, et ne plus faire leur sabbat de tous les soirs, dans les combles du théâtre.

Mercredi 6 février. — Visite d’un poète décadent, glabre, et chevelu, ressemblant à un curé du Midi, qui aurait été enrôlé comme homme-affiche pour la vente de la pommade du Lion.

Après la génération des simples, des gens naturels, qui est bien certainement la nôtre, et qui a succédé à la génération des romantiques, qui étaient un peu des cabotins, des gens de théâtre dans la vie