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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/49

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Mardi 26 mars. — Ce soir, Daudet se plaignait, que la critique de Rosny, dans la Revue Indépendante, nous enfermât dans une prison, où de temps en temps, il était permis de nous passer quelque chose par les barreaux.

Il se moquait de ces formules, nous parquant dans un compartiment, avec sur la porte un écriteau du Jardin des Plantes, spécifiant notre espèce, quand il y a des naturalistes, comme Flaubert, qui font la Tentation de saint Antoine, et des naturalistes du nom de Goncourt qui font Madame Gervaisais, — roman qui, s’il n’avait pas sur la couverture le nom des auteurs, pourrait passer pour le plus spiritualiste des romans modernes.

Et je disais à Daudet : Oui, peut-être le mouvement littéraire, baptisé naturalisme est à sa fin, il a à peu près ses cinquante ans d’existence, et c’est la durée d’un mouvement littéraire en ces temps, et il fera sans nul doute place à un mouvement autre ; mais il faut pour cela, des hommes à idées, des trouveurs de nouvelles formules, et je déclare que dans ce moment-ci, je connais d’habiles ouvriers en style, des vrais maîtres en procédés de toutes les écritures, mais pas du tout d’ouvriers-inventeurs pour le mouvement devant arriver.

Jeudi 28 mars. — Daudet nous confesse qu’en 1875, en présence de ses pauvres gains littéraires,