Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/51

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tiement du talent, comme les trouveurs de tout. C’est une jeunesse à l’image de la République, elle raye le passé.

Mardi 2 avril. — Causerie avec Daudet sur la femme française, que Molière dit dans une préface plus intellectuelle que sensuelle. Et là-dessus Daudet s’élève contre la fausseté des femmes, représentées par le roman français contemporain, comme des possédées d’éréthisme, s’élève contre la fausseté des femmes françaises décrites par le romantisme, ces femmes rugissantes, ces femmes affolées par des passions tropicales, — et nous disons qu’il y aurait un intelligent et spirituel article à faire, pour remettre la femme française de la littérature, au point réel.

Jeudi 4 avril. — J’ai toujours un plaisir, où il y a un peu d’émotion, à la réception des premières épreuves d’un livre. C’est bien celle que j’éprouve, en tirant de ma boîte à lettres, les placards de la Clairon, imprimés par l’Écho de Paris.

Après dîner chez Daudet, on cause surnaturel. Mme Daudet et son grand fils Léon ont des tendances à y croire ; Daudet et moi sommes tout à fait des incroyants. Une grosse discussion, dans laquelle je jette : « Non, je ne crois pas au surnaturalisme entre