Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire ses adieux à la maison. Au petit jour, il avait voulu regagner son trou, et n’avait pu se traîner que quelques pas. C’est étonnant comme il y a chez les animaux sauvages, quand ils souffrent, une tendance à se rapprocher de l’homme.

Lundi 8 juillet. — Crise de foie. Dans la maladie, la cessation de la marche de la pensée en avant, l’arrêt dans les projets, en même temps que le désintéressement brusque, soudain, de ce qui était l’intérêt passionné de votre vie : votre travail, vos livres, vos bibelots.

Jeudi 11 juillet. — Je dîne aujourd’hui à Levallois-Perret, en tête à tête avec Mirbeau et sa gracieuse femme, dans une salle à manger aux murs de laquelle est accrochée, d’un côté, une étude peinte du mari, et de l’autre, une étude peinte de l’épouse.

Mirbeau a la gentillesse de me reconduire à Auteuil, et, en une expansion amicale, me raconte dans le fiacre, des morceaux de sa vie, pendant qu’aux lueurs passagères et fugitives, jetées par l’éclairage de la route dans la voiture, je considère cet aimable violent, dont le cou et le bas du visage ont le sang à la peau, d’un homme qui vient de se faire la barbe.

Au sortir de l’école des Jésuites de Vannes, vers