Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/119

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Je parle à Carrière de la dépopulation de la France. Il me dit qu’il lui faut un certain courage pour sortir dans la rue, suivi de ses cinq enfants, qu’on s’étonne, qu’on rit, qu’on les compte tout haut, derrière lui.

Jeudi 9 février. — Raffaëlli, en gaîté et en verve, cause à la fois d’une façon très amusante et très technique sur les cris de la rue, dont la mélopée le réjouit, l’intéresse, l’attache aux pas du crieur et de la crieuse ; et sur ces cris, il se livre à des remarques physiologiques.

Ainsi, il prétend que chez l’homme qui crie : « Tônneaux… tônneaux… » le cri est un cri du ventre, un roulement de basse à la Lablache, qui n’amène aucune fatigue, est, au contraire, une gymnastique des muscles intérieurs, tandis que certains cris nerveux, comme ré-pa-ra-teurs de por-ce-lai-ne, des cris produits par des contractions de la gorge, doivent amener, au bout de très peu d’années, une laryngite.

Jeudi 16 février. — Au jour d’aujourd’hui, ces pauvres catholiques, les juifs, et même les protestants, leur marchent-ils dessus !… Le peintre Renoir, se trouvant, ces jours-ci, dans une maison protes-